3 – Samarkand

Je suis allé la première fois à Samarkand pour le travail, puis à nouveau seul pour visiter et enfin avec Alexandra. A chaque fois en train. L’express du matin met environ trois heures pour y arriver (départ à 8h00 et arrivée à 11 heures environ). Il y a un autre train à 7h00. Trop tôt. D’ailleurs la première fois, je voulais le prendre et l’ai raté !
On voyage en compartiment (coupé) de six places ou en wagon normal. Partout il y a la télé.
A la gare de Samarkand, on  est assailli par les vendeurs de lipiochka (celle de Samarkand plus grande est considérée comme particulièrement savoureuse) et autres démarcheurs.
La première fois, Dila m’attend. Elle est la secrétaire de l’antenne du centre culturel français à Samarkand. Elle connaît très bien sa ville car elle a une formation de guide. Après une journée de travail, elle me fera découvrir Samarkand pendant le week-end. 

Un peu de propagande

Une "policière" devant une école

Un plafond en bois

La maison à laquelle appartient le plafond précédent

Je loge dans un bed and breakfast situé au pied du Gour Emir très agréable avec un grand patio. Ma chambre est à l’identique, confortable, avec des tapis au sol, du bois, des murs blancs et des petites babioles locales.
Les principaux lieux et monuments ont été rénovés mais le résultat est décevant : tout semble kitsch et en toc. Tous ces monuments sont maintenant de simples lieux touristiques sans vie propre, des musées et boutiques de souvenirs. Bref, Samarkand donne vraiment l’impression d’un vaste complexe touristique. Rien à voir avec les mosquées de Ispahan en Iran où on retrouve la même céramique turquoise mais qui restent des lieux de prières et de recueillement. 

Le Registan


Bâtiment de droite

Celui de face

Celui de gauche

Au marché, j’achète une sorte de sucrerie blanche molle dont j’ai oublié le nom : cela se prépare dans des cuves et la vendeuse avec un grand battoir en bois remplie une demie bouteille d’eau vide de cette pâte. C’est très sucré, très bon et cela durcit évidemment au froid pour se garder très longtemps. Je n’ai trouvé cela qu’à Samarkand.

Vendeur de "Halva" (ue sucrerie) au marché

Vendeuses de cette pate sucrée dont j'ai parlée
La seconde fois, seul, je marche dans la ville, dans les quartiers excentrés aux rues de terre. Je découvre que la ville peut être sujette à des coupures d’électricité et d’eau durables. 

Les formes très géométriques de rigoles d'eau

A la mosquée

Le toit de la mosquée

Une boulangerie

Les canalisations sont souvent en extérieur

Un moyen de transport...

... à défaut d'un autre

Lors d’une de ces promenades, je pars à la recherche d’une mosquée et école coranique encore en activité située en périphérie. Pas très loin : un monument en ruine qui est restauré par les allemands. Il y a là deux filles dont l’une avec des locks et marchant pied nus. Je me sens un peu chez moi… 




La mosquée est agréable avec un bassin central. Il y a peu de monde, essentiellement des vieux qui me saluent et me sourient. L’un d’eux me demande d’où je viens et esquisse quelques mots de français en apprenant mon origine. 


La troisième fois, c’est à l’occasion du mariage de Dila. J’y vais avec A. qui connaît déjà Samarkand pour y être déjà allée une fois. C’est d’ailleurs à l’époque, la seule ville d’Ouzbékistan où elle soit allée à l’exception de Tachkent : comme beaucoup d’ouzbeks, elle n’a pas voyagé et ne connaît pas son pays. Cela est lié à des conditions économiques mais aussi à une manière d’aborder la vie : ailleurs est synonyme d’insécurité, d’inintéressant… Nous voyageons avec d’autres collègues du centre culturel. Le mariage n’est pas fait dans la tradition ouzbek ni tadjik, ethnie d’origine de Dila qui a voulu quelque chose de plus occidental sans les connotations religieuses. Nous sommes tous réunis dans une grande salle où se tient le banquet, nous mangeons, des convives dont A. dansent. Ma collègue de travail est émue et pleure. Ce mariage est au final très semblable aux mariages où je suis allé en France.
Nous passerons une dernière fois par cette ville dans le but de passer le nouvel an dans les montagnes mais ce voyage sera un échec : la type qui devait nous héberger nous roule. Il est bien là à Samarkand pour nous emmener dans son village mais nous sommes trois à l’arrière ce qui n’est pas prévu. Il nous fait payer évidemment plein tarif. La chambre où nous devons coucher n’est équipée que d’un poêle à gaz alors qu’il devait y avoir une cheminée. Ce n’est pas la même chose et beaucoup plus risquée. Cela nous rappelle notre virée à Lahic en Azerbaïdjan. En fait, la maison confortable est à côté mais le propriétaire n’a pas daignée la chauffer et la préparer car nous ne sommes que deux et il n’y a personne de prévu ensuite. Cela n’en vaut pas le coup à son avis et il a donc décidé de nous faire loger dans une chambre non occupée de sa maison. Je n’apprécie pas du tout qu’il nous ait mené en bateau. Nous pensions en venant là passer un week-end dans la montagne dans des conditions de vie confortables. Il n’était pas question cette fois de vivre à la dure. Je sais que Alexandra n’en veut pas… et moi non plus : je voulais qu’on soit tous les deux tranquilles, en amoureux, pas chez l’habitant. Je lui dis que cela ne va pas. Il essaye de nous faire changer d’avis puis il nous dit qu’il va arranger cela. Je suis énervé. Je ne veux pas passer un week-end dans ces conditions, toujours à me demander quelle nouvelle petite magouille il va mettre au point. J’en parle donc à A. dont je connais déjà l’avis. Nous décidons de repartir sur le champ. Le type nous ramène donc à Samarkand le soir même… Le brouillard tombe… On roule à 20 km heure au milieu de la route. Je lui dis de rester de son côté. Plutôt aller dans le fossé que de se prendre une voiture de face ! J’ai peur pour Alexandra, qu’on ait un accident. On n’y voit pas à cinq mètres. Finalement nous arrivons à Samarkand. Nous trouvons un hôtel, en fait un bed and breakfast comme il en existe plusieurs dans la ville et nous y passons la nuit pour repartir par le premier train le lendemain matin.
Nous avons passé le nouvel an tranquillement tous les deux à Tachkent.