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Les montagnes entre l'Azerbaïdjan et la Géorgie |
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Et celles entre la Géorgie et la Russie |
La Georgie, c’est une toute autre histoire que le Turkménistan.
La première fois que je suis allé à Tbilissi, c’était bien évidemment dans le cadre de mon travail et j’ai passé mon séjour à ne faire que cela : de 10h00 à 20h00 le soir. Je rentrais directement à l’hôtel épuisé par ma journée. J’ai mangé ici et là mais rien de bien terrible. Ce n’est que le dernier jour que j’ai décidé de prendre deux heures pour faire un saut à Mtreta, l’ancienne capitale. Cette ville à une trentaine de kilomètres de Tbilissi est à l’embranchement de deux vallées, surplombée par les montagnes et jouxtée par une rivière.
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Mtreta depuis Djvari |
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Autre vue de la ville |
Mon chauffeur m’a d’abord conduit à un monastère orthodoxe qui surplombe la vallée et la ville. C’est un monastère typique tel qu’on l’imagine ou qu’on le voit dans certains films d’Atom Egoyan (qui est arménien…Mais les monastères sont semblables).
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L'église de Djvari, de l'extérieur |
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et à l'intérieur |
Puis nous sommes descendus et nous sommes rendus à l’église.
Je ne suis pas un fan. Je suis athée et j’ai même généralement une aversion pour les lieux de cultes. J’y suis quand même allé…et c’est la plus belle église que j’ai vue. L’iconographie y est magnifique, étrange, d’origine. Les couleurs frappent par leurs tons. Sur certaines, tout un bestiaire d’animaux imaginaires. Sur d’autres, des étranges méduses flottent dans les airs. L’anecdote voudrait que ce soit des OVNIS bien entendus !
Je quitte Tbilissi avec regret : je n’ai même pas eu le temps de visiter la ville si ce n’est quelques rues!
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La tour de la télévision deTbilissi |
Lors de mon retour, je prends le temps le soir d’aller me promener. C’est d’ailleurs un temps propice qui m’y incite car nous sommes en mai. Il fait beau et je vais plusieurs fois à Chardin, un des quartiers branchés, manger et m’y promener. A cette occasion, j’ai constaté en commandant à manger que les jeunes géorgiens qui ne comprenaient pas le russe étaient en proportion plus nombreux ici que dans les pays voisins où le russe est encore parlé couramment.
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Le quartier de Chardin |
Je visite aussi les ruines du château qui surplombe la ville et croise le chemin de l’immense statue de sainte Nino, protectrice de la ville. Elle est vraiment gigantesque !!
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Les murailles du château |
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Vue de la vieille ville depuis le château |
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Effectivement, on s'interroge |
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sur la taille de Sainte Nino, protectrice de la ville |
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Regardez bien sur la droite, il y a des humains |
Le soir, peu de monde foule le pavé de la vieille ville qui est calme. Dans chaque rue, des maisons magnifiques en bois avec balcons et vérandas.
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De vieilles maisons |
Nombreuses sont en ruines. Le soir, l’impression est saisissante, l’atmosphère magique et mystérieuse. Les rues qui montent et descendent, tournent, se croisent. On trébuche, on croise quelques figures dans ces lieux mal éclairés. On marche au hasard, ne sachant trop si on est perdu ou non.
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La vieille ville le soir |
Je suis également allé lors du vernissage d’une exposition Picasso (véridique, hé oui !) dans le charmant village restauré et à évidente vocation touristique de Sighnaghi. Le charme y est pourtant toujours présent : la rénovation a été faite de manière équilibrée et pour ne rien gâcher, il est juché entre les montagnes boisées. Au loin, on aperçoit les monts enneigés qui forment la frontière naturelle entre la Georgie et la Russie.
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Sighnaghi. Au loin, les montagnes frontière naturelle avec la Russie |
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Les murailles qui protégaient autrefois la ville |
C’est surtout lors de mon troisième séjour que je décide de m’attarder un peu plus dans ce pays. J’ai en effet l’opportunité d’y rester le week-end car je dois retourner pour une semaine en Azerbaïdjan le lundi.
Je fais le marché aux puces de Suchy Rinok. J’y trouve quelques revues et bricoles intéressantes. Hélas comme beaucoup de marchés aux puces, c’est maintenant plus un lieu de brocanteurs et de professionnels qu’autres choses.
C‘est également l’occasion de mieux connaître les collègues qui m’emmènent (nous sommes une dizaine, collègues et amis de ceux-ci) dans restaurants, bars et cafés. Différents styles : lounge, rock, café cantine en sous sol, restaurant plus chic, taverne… Je goûte à tout et je commence à bien connaître les spécialités locales qui sont par ailleurs diversifiées et très agréables : aubergines frits, eau soufrée, limonade à l’estragon (et aux colorants par la même occasion), khatchapuri (sorte de crêpe fourrée au fromage, bien lourde) bien évidemment, khinkali (raviolis fourrés, qu’on mange avec les mains en les tenant par une sorte d’excroissance de pâte qui elle est laissée de coté) à la viande, au fromage, aux champignons ou à la pomme de terre, différentes soupes, pieds de cochon…J’en oublie aussi que je suis végétarien !
Le dimanche, je pars avec une collègue visiter les alentours de Tbilissi. En fait, en une journée, on ne peut pas aller bien loin mais j’avais étudié mon guide avant (car oui comme tout bon européen, j’ai acheté un guide du pays ce qui ne cesse d’étonner les locaux qui savent comme je l’ai écrit auparavant à peine lire une carte) et j’ai repéré Gori. Cette ville, à une heure de Tbilissi, était occupée par les russes pendant la guerre en 2008. Maintenant les troupes sont parties mais ne stationnent pas très loin.
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Ls préfabriqués qui hébergent lesdéplacés suite au conflit en Ossétie du Sud |
Néanmoins ce n’est pas l’attrait du soufre qui m’a attiré ici mais une autre particularité : Gori est la ville natale de Staline ! Il y possède son musée. Sa statue orne encore la place centrale alors qu’il n’y en a plus ailleurs.
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La statue sur la place centrale de Gori |
J’ai d’ailleurs ainsi fait un « doublé » puisqu’à Achkhabad, j’ai pu voir une statue de Lénine. Là aussi une des seules à ne pas avoir été déboulonnée. Donc une visite du musée qui s’impose ! Ce que j’en retiendrai, ce sont les guides emmitouflées dans leurs manteaux qui étaient transies de froid ! Pas chauffé le musée. Je n’ai pas acheté de T-shirt ou bock Staline…
En fait, Gori est une ville qu’il est intéressant de visiter : c’est un endroit terne, gris, peu accueillant, qui donne une bonne image je pense de la vie dans les petites villes de l’ancienne Union Soviétique.
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Place centrale occupée par les chars russes un an avant cette photo |
Une colline surplombe la cité avec les ruines d’un château.
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Le château de Gori |
Du haut, on découvre de l’autre coté une rivière qui traverse la ville et de l’autre côté de la rive, les restes – ou peut être marche-t-il encore ??- d’un complexe industriel. Rien de bien jouasse !
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Et une "belle" vue de l'autre côté de la ville depuis celui-ci |
Nous redescendons.
Au pied, de la colline, une étrange installation : un ensemble de quelques statues de soldats du moyen age…à qui il manque des morceaux ! Par ici une jambe est absente, par là, c’est un avant bras (le biceps et la main étant présents). C’est une volonté de l’artiste et dans cette ville qu’est Gori, cela met assez mal à l’aise.
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De biens étranges statues |
Nous repartons et allons visiter un monastère orthodoxe perdu dans la montagne. Nous croisons des popes aux longues barbes. L’église est fermée car en rénovation. Mais nous pouvons quand même y entrer. Là encore, comme à Mtrta, les fresques sont magnifiques mais en très mauvais état et d’après le garde la restauration est impossible : il manque trop de parties. Seule une conservation en l’état serait possible.
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Atenis Sioni |
Nous prenons le chemin du retour pour nous arrêter peu après sur le troisième et dernier site qui avait attiré mon attention. Il s’agit de la vieille ville de Upolistiré. Une ville forteresse creusée à même la roche.
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Upolistiré |
Il n’en reste que les pièces creusées dans la montagne. C’est impressionnant d’autant plus que le site est situé sur une colline qui surplombe une vallée avec en contrebas une rivière (la même qui coule à Tbilissi et Gori ?).
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Vue du fleuve depuis Upolistiré |
Nous accédons au site par un tunnel creusé dans la roche avec un escalier en bois genre échafaudage.
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Le tunnel qui permet l'accès au site |
Il fait beau et nous prenons plaisir à visiter ce lieu où nous sommes seuls à part un couple de touristes géorgiens.
Nous retournons à Tbilissi en faisant un arrêt à Mtrta pour montrer l’église à ma collègue puis nous filons dans une brasserie en bordure de route, proche et réputée pour la qualité de sa nourriture.
Le lendemain je pars pour Bakou.
L’année suivante, je décidai d’aller à Batoumi. Je pris le train de nuit le vendredi hier. J’étais arrivé la veille et on m’avait réservé une couchette et l’hôtel sur place. Avec moi dans le wagon, un couple avec enfant. L’homme est une caricature de russe : grand, baraqué, cheveux ras, tatoué… et souriant. La femme est une brune, méfiante. Ils ont l’air intrigué par ma présence. Rapidement le type me parle, il est enjoué. Ils sont géorgiens mais vivent à Kaliningrad, l’enclave russe entre la Pologne et la Lituanie. Ils sont revenus voir leurs familles. Je lui explique mon boulot. On rigole rapidement. Pas tellement de barrières. J’aime ce genre de type. Ils m’offrent des fruits. Moi je passe des bandes dessinées en russe à l’enfant qui dort sur une couchette du haut, moi de l’autre côté et les parents en bas. Petit à petit la femme se sent plus à l’aise, m’offre de l’eau…
Le lendemain matin, je prends le bus de la gare au centre ville. Nous passons devant le parc botanique. Mais je ne sais pas exactement où est l’hôtel et le chauffeur du minibus non plus… A moins qu’il n’ait calculé son coup car une fois de l’autre côté de la ville et que quelqu’un lui a enfin expliqué où c’est, il me propose moyennant quelques laris de me conduire directement à l’hôtel. Il est tôt, je refuse et préfère marcher tranquillement le long du front de mer afin de découvrir les lieux de bon matin.
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La promenade du bord de mer à Batumi à 7h00 du matin |
Batoumi est alors une ville qui ressemblait lorsque j’y suis venu à un décor de film en carton pâte : les deux premières rues qui longent la mer sont belles mais dès qu’on s’enfonce un peu plus, on constate que toutes les rues sont défoncées et en reconstruction : ils font passer tout le câblage en souterrain.
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La preuve ! |
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Des immeubles à Batoumi : cette unité de couleur par immeuble est assez classique en Géorgie |
Mon hôtel est étrange : on accède au hall par un escalier, hall qui est tout vert genre cul de bouteille. Cela est réalisé grâce à des lampes au verre fumé en forme de gros champignons. Etrange.
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Je reste encore étonné quand je regarde cette photo |
Je reste là-bas une nuit et deux jours. Je décide donc de ne pas perdre de temps. Dès 10h, je file à la plage sur le bord de mer. Il y a plein de monde malgré l’heure matinale. Il fait beau. Je me baigne et me sèche sur les galets. Pas de seins nus, les gens sont très pudiques ici. Le midi, je prends le bus pour aller au jardin botanique. J’ai mis mon maillot de bain car je suis bien décidé à me baigner.
Il fait beau. Le jardin est magnifique, beaucoup mieux que celui de Tbilissi très grand et que j’ai toujours vu décharné. Ici le climat a quelque chose de tropical, il y a un micro climat qui maintien une chaleur et une humidité relative.
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Arbre, écorces d'arbres et autres vue du parc botanique |
Je me promène dans le parc et croise pas mal de gens. Je suis un trio avec un chien qui me colle.
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Même qu'il m'attend |
C’est une bonne idée car en fait ils me conduisent de l’autre côté du parc et je découvre une seconde plage après celle qui se trouve à l’entrée, en contrebas du jardin. Ici encore des galets mais qu’importe, je me déshabille et me jette à l’eau.
Au loin, un tanker avance lentement.
L’eau est chaude et il est plaisant de se baigner. Mais je ne reste pas longtemps car la balade a été longue et il me faut revenir. De nouveau à mon point de départ, l’après midi est bien avancé mais il fait encore beau. Je décide d’essayer la plage en contrebas que j’ai repérée lorsque j’ai mangé en arrivant.
Le soir, je me promène sur le bord de mer.
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Dans les rues, près du front de mer, le soir |
Le temps est idéal et il y a beaucoup de monde dans les allées, sur les bancs. Des jeunes font du patin et la musique jaillit des hauts parleurs. La travée principale est aménagée d’une longue fontaine dont les jets suivent soi-disant le rythme de la musique, une fontaine construite par des français m’a-t-on dit.
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La promenade le soir près de la fontaine |
Le lendemain, je prends le bus pour la frontière turque. Je m’arrête à Gonio visiter la forteresse romaine.
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Gonio |
Puis je reprends le bus et m’arrête un peu plus loin pour me baigner : on m’a conseillé les plages au sud de Batoumi. Pourtant je n’y trouve rien d’extraordinaire : la plage est en contrebas de la route, des galets partout et je ne pense pas que l’eau soit plus propre ici qu’à Batoumi. Pas de raison. Je reprends le bus (il suffit de héler les bus qui passent) et descend au terminus : à la frontière turque.
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Le poste frontière avec les deux drapeaux |
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Par endroit, on garde les fresques |
Rebelote sur la plage. Je ne me baigne même pas. Je reprends rapidement le bus et décide de retourner nager une dernière fois au parc botanique de Batoumi.
En fin d’après midi, je m’attable à la terrasse d’un café avec des serveurs en habits, des clients riches et des fleurs partout. Je pars manger un peu plus loin comme la veille dans un restaurant qui sert des plats traditionnels géorgiens dans un cadre qui ressemble presque à un fast food.
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Ailleurs on les détruit |
Puis il est l’heure : je vais récupérer mes affaires et prends le bus pour la gare.
Le retour en train sera calme mais à la différence de l’aller, je ne discuterai presque pas avec mes compagnons de routes : un jeune et deux filles, chacun restant dans son coin.
Une dernière chose concernant Tbilissi : son aéroport est des plus petits. On a l’impression d’arriver sur un aérodrome de club. Par contre, il est des plus modernes. Les contrôles y sont rapides et une caméra prend systématiquement en photos les passagers qui débarquent lors du passage au guichet des douanes.
Lors de ma seconde mission, je prends depuis Tbilissi un petit avion pour retourner à Bakou. L'avion vient de Batoumi sur la côte georgienne. Je suis assis au second rang. Cela tombe bien car le spectacle est au premier rang! Il y a là devant moi, trois types, russes ou géorgiens, je ne saurais dire mais qui écument une bouteille de cognac quant à lui bien georgien. L'hôtesse ne dit rien et rigole pour la forme je pense, avec eux. Bon, il faudra faire avec! Ca sent l'alcool fort! Evidemment, puisqu'ils sont bourrés (bruyant aussi cela va de soi) et qu'ils en renversent régulièrement... Je serai bien content d'arriver à destination.