11 - L Azerbaïdjan

L’Azerbaïdjan, différent de la Géorgie sa proche voisine, différent du Turkménistan et de l’Ouzbékistan avec qui les liens sont néanmoins importants (la mer Caspienne les sépare).
L’Azerbaïdjan : Bakou, la mer Caspienne et son pétrole.


Bakou, Bakou : son or noir, ses habitants aux cheveux noirs, aux vêtements noirs, la fumée de ses pots d’échappement…

Vue panoramique de Bakou


Une ville dense
Les 4x4 très prisés ne conviennent pas aux rues étroites de la capitale

Bakou, toujours en travaux, toujours sous la poussière… Et sous le vent !

la tour de la vierge

Le palais de ShirvanShah
Dans le cadre de mon travail, j’ai habité et travaillé huit mois à Bakou.

En contre bas,le musée Nizami et ses statues de poetes azeri

La place des fontaines, le centre de la ville

La place du conservatoire

Bakou est une ville très occidentale : bruyante, beaucoup de voitures, des bouchons, des rues piétonnes, des magasins de marques surtout de vêtements partout. 

le centre pietonnier

la place Malakan

Un restaurant où il faut se montrer

Les tours en forme de flamme qui surplombent la ville

C’est aussi une ville sale : du fait du pétrole mais aussi parce que la capitale est en constante reconstruction car riche, que ce soit la vieille ville ou les quartiers du centre. Je crois que l’Azerbaïdjan était à cette époque un des pays avec le PIB qui croit le plus vite dans le monde. 

Le café Mozart où je mangeais presque tous les midis

Une maison dans la vieille ville

les alentours de la vieille ville

Etalage de tapis près de la vieille ville
Ici le climat n’est pas le même qu’en Ouzbékistan et les infrastructures pour se prémunir du froid bizarrement différentes : il n’y pas de chauffage collectif, tout au moins pas dans le vieil immeuble du centre ville où je loge. Le chauffage est assuré par des climatiseurs fonctionnant en mode chauffage et par une cheminée au gaz qu’on n’ouvre le soir jusqu’à ce qu’on se couche pour éviter une coupure de gaz nocturne et les risques qui vont avec. Pas de problème : je préfère le modèle ouzbek ! A Bakou, même si l’hiver n’a pas été très tenace et même si c’est parait-il bon pour la santé que de ne pas dormir dans un environnement surchauffé, je me souviendrai des matinées glacées !!
Ah, comme je regrette la chaleur des jours à Tachkent et les ouzbeks à mon avis beaucoup plus gentils que les azéris, qui sont plus « m’as-tu vu », plus bruyants et plus égoïstes.
J’habite dans un immeuble typique d’un quartier bruyant du centre ville avec une cours intérieure, rien à voir avec l’agréable immeuble ombragé de Tachkent. Mais ici aussi, il y a les mêmes chats pouilleux, qui attendent qu’on les nourrisse. 

Les chats  de Bakou

Quelques autres animaux, comme un lézard parmi les plantes grasses

Et un un drôle de papillon sur la presqu'ile d'Absheron

L’un d’eux, un vieux chat blanc sale dormait devant ma porte le soir. Le matin, je le voyais dans la cour, la truffe mouillée dans sa gamelle d’eau. Mal en point, allant vers la mort, il restait là plusieurs heures. Puis un jour je ne l’ai plus vu et un autre chat plus en forme a pris sa place près de la gamelle.
En m’y installant, j’ai cherché à y faire du sport : j’ai trouvé les coordonnées d’un club de capoïera mais personne n’a jamais répondu. J’ai laissé tomber après quinze jours d’essais. J’ai trouvé un club de gymnastique : j’aurai vraiment aimé reprendre ce sport si complet et si fun mais le club était loin et ouvert sur des horaires peu pratiques. Rien que pour contacter l’entraîneur, c’était compliqué et je n’y suis jamais arrivé/ Là encore j’ai laissé tomber. Mon autre idée était de continuer la natation. Là ce fut une agréable surprise : j’ai découvert la piscine SUA dans le quartier de Ganclik, à 30 minutes porte à porte, qui me convenait parfaitement malgré le léger éloignement. Un peu vétuste mais tout à fait propre, dotée d’un sauna et bizarrement d’un seul bassin de 20m de long. Au début, un peu perplexe, j’ai au final été très content de la longueur du bassin. Ce qui était encore plus agréable c’est que la piscine n’acceptait pas plus de 8 personnes dans le bassin. Incroyable ! Cela faisait deux personnes par ligne. On ne risquait pas de s’y bousculer. La plupart du temps j’y étais seul et quelques enfants ou adolescents dans les lignes voisines. Une vieille femme russe assurait la surveillance et donnait en même temps de conseils voire des cours aux enfants.
Un plaisir que d’aller à la piscine se baigner car bien que Bakou soit sur le bord de mer, il n’y a pas de plages en ville et celles en périphérie sont sales. Bakou serait toute autre, une ville des plus agréables si on pouvait s’y baigner. Il y régnerait une atmosphère de riviera méditerranéenne à n’en pas douter, cela développerait le tourisme. Dépolluer la mer Caspienne souillée par un siècle d’exploitation pétrolière est une nécessité mais pour l’instant un rêve…

Le "boulevard" de nuit

et de jour : la promenade des anglais de Bakou
Des fontaines sur le "Boulevard"
Lors de ma première visite en novembre 2008, j’ai bien évidemment visité Bakou mais j’ai aussi poussé au sud jusqu’aux volcans de boue de Gobustan. J’ai trouvé pour cela un taxi avec qui j’ai marchandé et qui m’a emmené d’abord aux pétroglyphes de Gobustan puis aux volcans. Il ne connaissait pas le chemin mais nous y sommes finalement arrivé ! Cela vaut le coup d’œil : un paysage gris lunaire avec de petits monticules –les fameux volcans – d’où s’écoule une boue grise. Au centre de certains, un petit cratère agité par les bulles de gaz qui percent à la surface. 

Sur quelques kilomètres carrés,

des petits monticules d'un mètre de haut

crachent des bulles de boues à intevervalles réguliers

Les pétroglyphes et le musée dédié n’ont quant à eux rien d’exceptionnels. Mais c’est toujours intéressant que d’observer ces traces du passé. 


des figurines

parfois des animaux ou des symboles étranges
mais parfois très clair

loin de la ville
Lors de ce séjour et sur les conseils d’un ami, je décide de venir passer une semaine de vacance en décembre afin de visiter un peu le pays.
Je suis évidemment accompagné d'A. pour qui c’est le second voyage en avion après la Turquie l’été précédent. Nous sommes en décembre 2008. Hiver, vents amènent turbulences. L'avion était bousculé régulièrement et quelques fois même sacrément bien. Un type de l'autre côté de l'allée, un jeune gars azéri, de toute évidence vivait mal le vol. Je pense que c'était son premier voyage en avion car au début il n'avait pas su où s'asseoir et avait une attitude des plus hésitante sur ce qu'il fallait faire : il avait regardé les hôtesses faire leurs démonstrations de sécurité avec attention, il avait lu les instructions des deux côtés... Je le voyais facilement car A. était à ma droite et du côté de l'allée donc quand je me tournais vers elle, je l apercevais automatiquement. Nous avions mangé, les plateaux repas étaient encore devant nous et lui était de plus en plus blanc. Puis je le vis se pencher sur son plateau et vomir son repas. Sa voisine ouvrit de grands yeux mais se contrôla et ne bougea pas. Il, elle, firent comme si de rien n'était. Le pauvre! Les hôtesses passèrent récupérer les plateaux mais lui garda le sien. Allez savoir pourquoi? Je continuais de discuter avec A. quand je le vis reprendre quelque chose devant lui sur sa tablette, un bout de saucisse. Déjà qu’elles n’incitent pas le client à se sustenter, mais alors là, après avoir vomi... Je ne sais pas ce qui lui prit de vouloir finir son repas??? Cela ne rata pas : il revomit cinq minutes après. Là sa voisine le signala aux hôtesses qui firent le nécessaire. Bon, faut dire que l'avion chavirait nettement à cause des turbulences. Une femme âgée musulmane tout devant en appelait à son dieu et récitait une prière à haute voie. A. qui n'avait pas l'habitude n'en menait pas large et j'essayais de lui expliquer rationnellement puis de la faire rire avec mon humour noir sans succès ni dans un cas ni dans l'autre. Alors j'essayai les bisous et les confidences amoureuses, cela marcha beaucoup mieux. Puis peu après l'avion retrouva sa course normale. N'empêche qu'une fois arrivée, on poussa tous un gros ouf!
Les voyages en avion mais aussi les salles d'attente des aéroports sont sources de rigolades... Bien qu’elles soient le plus souvent un lieu d’ennui plus qu'autre chose. En fait une seule anecdote à ce sujet me revient : alors que nous partions pour je ne sais plus où, Alexandra revient d'une balade avec le sourire aux lèvres.
"Il y a des touristes français qui pensaient qu'ils pouvaient payer dans le duty free shop en soums!" Je la regarde un peu étonné. "Mais Frédéric, tu ne le sais pas? On ne peut payer qu'en dollars ou en euros dans ces magasins!" Ah bon! Non je ne le savais pas.
A. adore Bakou, ses magasins, me crie dessus et pleure parce que je ne veux pas lui acheter tout ce qu’elle veut ! Je suis trop méchant et je ne l’aime pas !  

Bakou de nuit

Le séjour à Bakou est un excellent souvenir en partie du à l’accueil de notre ami sur place qui nous héberge et nous montre la ville.
Mais je décide que nous allons visiter un peu le reste du pays. Je choisis d’aller à Lahic, un petit village dans les montagnes et ensuite de continuer sur Séki, une ville à l’ouest du pays, pas très loin de la Georgie. Terrible erreur en plein hiver !
De bon matin, nous allons en périphérie de la ville pour prendre un marchrutka pour  la ville la plus proche de ce village mais nous le ratons. Nous nous rabattons donc sur un taxi que nous prenons à quatre : moi, A. et deux grosses femmes. Pauvre A.! Le conducteur insiste pour que je vienne devant : les deux femmes sont déjà installées à l'arrière et évidemment, respect, je ne vais pas aller derrière avec elles, sait-on jamais que j'aurais envie de les tripoter! Donc c'est A. qui s'y colle! Elle se retrouve toute serrée et qui plus est, la voiture a de si bonnes suspensions qu'elle sent tous les nids de poule. Le voyage commence bien...Bien plus loin, le type crève. Après trois quatre heures de route, nous sommes bien content quand arrive enfin le carrefour où notre hôte nous laisse au bord de la route. Il y a là deux autres personnes : un jeune et un vieux type qui attendent un bus ou un taxi. Une sorte de camion de l’équivalent azerbaidjanais de l’ONF nous prend tous les quatre. Il paraît que la route jusqu’à Lahic est particulièrement mauvaise et dangereuse. Je me souviens bien en effet des précipices et des chaos de la route mais je ne me rappelle pas avoir été inquiété. Peut être parce que nous voyagions dans un camion sans vitres latérales. Finalement on nous dépose à Lahic...et ça continue : nous trouvons un sorte de d'hôtel chez l'habitant mais on doit payer une fortune pour une chambre rudimentaire et sans chauffage, les toilettes sont dehors et il n'y a pas d'eau chaude. Frédéric, comme tu as eu une mauvaise idée de venir ici en décembre! Pas le coin idéal, romantique où emmener sa fiancée! On part espérant trouver l'hôtel qu'on nous a indiqué ouvert. Le village est à flanc de montagne et en ce période de l'année, tout est décharné, les hommes, les bêtes et la terre.

Lahic
Quelques belles couleurs parsèment le haut des montagnes accompagnées de nuages en vaguelettes. Plus bas, un fleuve réduit à l'état de rivière parcoure un lit de pierres. 

Le cours de la rivière

Les montagnes alentours
La neige est là. 

Hé oui!
 Rien de rien qui puisse nous pousser à rester. Mais il va quand même falloir trouver un coin pour la nuit. Je commence à demander aux gens si on peut dormir chez eux. Et nous faisons une heureuse rencontre : un artisan qui travaille le cuivre! Il me répond que "oui vous pouvez dormir chez nous sans problème". Nous le suivons donc. Il habite un grand corps de ferme un peu plus bas. Il nous présente sa femme, nous prépare un lit sur des tapchans (des matelas long et épais) et nous donne plusieurs couvertures car la pièce où nous dormons n'a pas été chauffée puisqu'ils n'attendaient personne. Les toilettes sont dehors mais étonnement propres. Après nous être installé, nous allons nous promener pendant une petite heure dans le village en contrebas au niveau de la rivière mais il fait froid et nous décidons de rentrer sans n’avoir rien vu de mémorable si ce n’est ce pont dont la construction s’est arrêtée au lendemain de la chute de l’Union Soviétique. Depuis rien n’a été fait que ce soit pour le terminer ou pour le supprimer et il trône donc là, partant d’un côté de la rivière pour s’arrêter en son milieu. Le soir, nous mangeons avec nos hôtes des dolmas (feuilles de vignes avec du riz et de la viande). Je suis étonné par l'intérêt et les connaissances de notre hôte qui possède d'innombrables livres.
Le lendemain, nous allons visiter son atelier puis nous le remercions, je lui laisse le prix d'une nuit d'hôtel et nous partons pour Séki. Là c'est un peu pareil : pas grand chose à faire. Nous logeons dans l'ancien caravansérail faisant maintenant office d'hôtel. Sans doute très agréable en été, c'est un lieu froid en hiver et il y a juste un petit radiateur électrique à l'intérieur de notre chambre. Pas de lit double évidemment mais deux lits simples (c'est assez commun). Nous les rapprochons pour dormir près l'un de l'autre. Plus chaleureux dans tous les sens du terme. 

La chambre du caravenserail : belle mais froide
 Nous n'en sommes qu'au second jour de notre excursion mais A. en a marre. En plus, nous ne trouvons à part l'hôtel, qu'un café où manger à proximité. Nous visitons le musée, vieux et délabré avec des bêtes empaillées à qui il manque parfois des morceaux. 

le plus beau bâtiment de Sheki : le palais du khan

Nous descendons la rue principale et nous nous promenons. 




Nous prenons un bus pour aller au marché. Là, j'ai failli devenir collectionneur : j'ai repéré plusieurs lavabos en aluminium surmontés d'un miroir avec des petits robinets. Je les trouve super mignons justement parce qu’ils sont décorés de façon assez kitch. On les aurait dit faits pour des enfants. Je pense qu'ils sont destinés à être placés dans les cours, quelque chose comme ça. Alexandra secoue la tête, comprend tout de suite le risque et aussi ce qui la sauve de se retrouver avec ces "horreurs" chez moi : "heureusement qu'on est loin de Tachkent sinon je suis sur que tu les ramenais!" Hé oui hélas, il faudrait les ramener à Bakou puis les mettre dans l'avion. Trop compliqué : ils font quand même un mètre cinquante et pèsent leur poids. Tant pis, je me fais une raison...Ils étaient quand même bien mignons. Je n'en ai jamais vu ailleurs d'aussi beau. Parfois un ou deux en Ouzbékistan mais ils étaient vieux et pas à vendre. 

L'objet de mon désir
Nous dormons donc une nuit à Séki et le lendemain matin, nous prenons le bus pour rentrer à Bakou. Notre ami est rentré en France et nous a laissé ses clés. Nous passons donc les quelques jours qui nous restent dans la capitale à la plus grande joie d'A.
Lors de mon troisième séjour en mai, je visiterai la presqu’île d'Absheron, désolée, déchirée. 






Rien de bien intéressant à y voir sauf quelques friches industrielles, du pétrole et un lieu de culte zoroastrien, très touristique, une sorte de musée en fait je dirais, avec des mannequins et un feu perpétuel éteint le soir et rallumé le matin. Nous qui sommes arrivés après la fermeture, on nous a non seulement rouvert le lieu mais on a rallumé le feu exprès pour nous.

Dans la vieille ville de Bakou, il y a une vieille mosquée fréquentée par des intégristes musulmans (barbe longue, robe et petit bonnet rond sur la tête). Je suis passé plusieurs fois devant. La première fois, je leur ai demandé s’il s’agissait bien d’une vieille mosquée. Ils m’ont répondu très gentiment que oui. La seconde fois, j’étais avec A. et nous revenions d’un restaurant géorgien où nous avions acheté un grand ratchapouri que je tenais à la main dans une boite à pizza. 

Le sympathique serveur du restaurant georgien
Je leur ai demandé si c’était possible de la visiter. « Oui bien sur ! » M’ont-ils répondu spontanément en rajoutant «…mais sans femme ». Puis l’un d’eux m’a demandé d’où je venais. « Français ! » « Ah ! » et il a rajouté deux mots en français en souriant. Je suis allé vers lui « Vous parlez français ? » « Euh, non, non, juste ces mots… » On s’est souri et je suis parti. La troisième fois fut la bonne : la mosquée est toute petite mais on y sent une atmosphère propice à méditer. 

La petite mosquée des fondamentalistes
A côté de Bakou, il y a une des plus grandes friches industrielles du monde : le reste du complexe pétrochimique de Sumqayit laissé à l’abandon dans les années 90. J’espère bien avoir trouver le temps d’y aller !
Plus loin, il y a les montagnes dont celles de Xizi à une heure de Bakou au nord. J’y vais avec des collègues en 4X4. Nous allons pique niquer dans une forêt au milieu des crocus et perce neige. Nous mangeons du fromage italien, du foie gras, des saucisses. Mais il faut aussi faire quelques balles… De golf ! Nous reprenons les voitures et revenons sur nos pas au niveau des montagnes de Xizi où il y a de grandes plaines herbeuses. Ces montagnes présentent de magnifiques couleurs rouge et jaune en strates parallèles, dépôts sédimentaires lorsque les lieux étaient sous l’eau, et plissés par les mouvements tectoniques des siècles. 











Le lieu est magnifique mais il vente comme jamais. Pendant que quelques uns essayent de jouer malgré le vent, d’autres vont se promener dans les creux d’une vallée cachée de la route.